Je viens vers vous aujourd'hui avec un comic dont je viens de terminer la lecture du tome 3, et que j'avais commencé en 2014 avec le tome 1
Il s'agit de Empire of the Dead, créée pas par n'importe qui, non non ! En effet, le comic a été créé par George A. Romero !! Si son nom ne vous dit rien, sachez que c'est à ce réalisateur culte que l'on doit la version moderne du mort-vivant tel qu'on le connaît aujourd'hui et exploité dans pratiquement tous les films sur ce thème depuis.
En effet, il est le premier, avec le archi-célèbre "La Nuit des Morts-Vivants / Night of the Living-Dead", en 1968, à avoir créé les zombies que nous connaissons. Auparavant, le terme zombie / mort-vivant avait une connotation liée à la magie et/ou au vaudou. Avec son premier film, il a mis en place les codes du genre : les morts-vivants sont des personnes mortes, réanimées bien souvent par un virus, un gaz ou un processus inconnu. Leur chair est en putréfaction, ils se déplacent lentement (même si ce concept a évolué avec des zombies coureurs depuis dans certains films) et peuvent contaminer les vivants par une morsure. Ces derniers se transforment à leur tour en zombies. Voilà, c'est lui qui a créé ce concept que nous connaissons tous aujourd'hui !
On lui doit toute une pléthore de films sur le thème (Dawn of the Dead, Day of the Dead, Land of the Dead, Diary of the Dead, etc.) tous situés plus au moins dans le même univers. La particularité de Romero, c'est également le message qu'il transmet au travers de ses films. Ils ne se contentent effectivement pas d'être de simples films de morts-vivants. Ils sont tous le reflet d'une époque, d'une société dans laquelle nous vivons, avec ses particularités, ses classes, ses différences, etc. Il y a un message social fort dans chaque oeuvre.
Empire of the Dead, bien que n'étant pas un film, n'échappe à la règle. À nouveau, Romero distille un message et une retranscription de notre société au travers des créatures et des situations. Grande nouveauté, l'apparition des vampires dans son univers, une première. Après avoir lu le tome 1, on décèle rapidement le message de Romero : les Morts-Vivants représentent à nouveau les laissés pour compte du système, les abandonnés, ceux qui ne valent rien, ou plus rien. En bref, de la chair à pâté dont presque personne ne semble se soucier. Un peu comme les SDF, migrants et autres clandestins de notre société.
Tout en haut de cette pyramide, on retrouve les Vampires, qui dirigent cette société et manipulent les arcanes du pouvoir. Ils représentent quant à eux les dirigeants politiques corrompus, gangrénés, qui ne soucient guère du peuple et préfèrent gérer leur carrière et leurs mandats. En clair, des véritables "suceurs de sang", au sens propre comme figuré.
Et bien sûr, on retrouve entre deux les humains, qui représente en quelque sorte la classe moyenne, l'entre-deux, pris entre les Morts-Vivants et les Vampires.
On retrouve avec plaisir cette marque de fabrique à la Romero dans la construction du récit, qui est habilement mené, entre jeux de pouvoir, expérimentations scientifiques sur les zombies et lutte pour la survie. On suit plus précisément trois personnages, issus chacun d'une des races.
Pour les Morts-Vivants, Xavier, une ancienne membre du SWAT fraichement mordue et transformée en zombie. Comme pour Land of the Dead, Romero remet sur le devant de la scène une nouvelle thématique qu'il avait ajoutée avec ce film : le fait que certains Morts-Vivants commencent à évoluer pour devenir plus intelligents, se remémorent certains souvenirs, arrivent à coordonner leurs mouvements. Romero va encore plus loin qu'avec Land of the Dead, puisqu'ici certains zombies sont carrément domestiqués pour apprendre à se battre dans une arène (ce qui fait tout de même écho à Land of the Dead où il y avait déjà une arène où des humains affrontaient des zombies pour le plaisir), comme des animaux de compagnie, pour le plaisir macabre des humains. Xavier fait parti de cette caste, car elle arrive non seulement à se souvenir, mais aussi à articuler quelques mots et pensées ! Elle va même se lier d'amitié à une jeune fille, Jo, avec qui elle va devenir amie. Ces zombies sont plus au moins inoffensifs, comme s'ils étaient bons, purs et naïfs par essence, un peu comme des enfants, loin de la nature humaine ayant tendance à la destruction et à la haine.
Chez les humains, on suit Penny Jones, une scientifique qui étudie les zombies, et qui va plus particulièrement s'intéresser à Xavier pour son intelligence hors norme. Elle va également se rapprocher du gérant de l'arène des zombies, Barnum, avec qui elle fera équipe.
Et enfin, chez les vampires, on suit leur chef, Chandrake, qui n'est autre que le maire de la ville. Seule l'intéresse la réussite, et peu importe les moyens pour y parvenir. Crime, complot, chantage sont ses outils préférés. Je dois avouer que j'ai été quand même un peu déçu par les vampires, je ne les ai pas trouvé assez puissants et terrifiants. Ils ont tout juste l'air d'être plus forts qu'un humain normal. Néanmoins, comme dans les légendes classiques, ils sont immortels et aiment se repaitre de sang. Ils peuvent engendrer des enfants, et aussi devenir morts-vivants si je me souviens bien !
Les dessins sont clairs et précis, le comic se lit facilement et est cohérent, ce qui est un bon point !
Pour conclure, si vous appréciez Romero, alors vous ne pourrez qu'aimer Empire of the Dead, d'autant plus que le comic est complètement lié à l'univers des films, ce n'est pas une oeuvre indépendante. On apprend en effet que Penny Jones n'est ni plus ni moins que la soeur de Barbra, l'héroïne de Night of the Living-Dead ! Un autre bon point donc
La fin du comic se révèle, sans rien dévoiler, se révèle assez ouverte, et je me demande dans quelle mesure on n'aura pas une suite un jour.